
Le tourisme mondial est en pleine recomposition, tiré par la montée en puissance du haut de gamme et la concentration de la richesse. À mesure que les voyages reposent de plus en plus sur les 10%, voire les 1% les plus fortunés, l’ensemble de l’industrie s’aligne sur leurs attentes. Compagnies aériennes, croisiéristes et hôteliers multiplient les investissements dans les produits premium : nouvelles classes affaires, suites ultra-luxueuses, croisières intimistes en yacht ou resorts toujours plus exclusifs. Cette stratégie reflète un arbitrage économique clair : tandis que l’inflation contraint les budgets des clientèles moyennes, les voyageurs aisés bénéficient de la hausse des marchés financiers et du transfert intergénérationnel de richesse. Aux États-Unis, près de la moitié des voyageurs millionnaires ont ainsi augmenté leur budget vacances en 2025. Les revenus premium des compagnies aériennes progressent fortement, y compris chez les low cost qui développent désormais des offres à plus forte valeur. L’hôtellerie suit le mouvement : les catégories luxe affichent une croissance soutenue quand le moyen et l’économique reculent. Partout dans le monde, le nombre d’hôtels à plus de 1.000 dollars la nuit explose, et le marché mondial des hôtels de luxe devrait passer de 154 milliards de dollars en 2024 à 369 milliards en 2032. Selon un rapport récent du cabinet de conseil Bain & Company, les riches délaisseraient « l’achat de biens au profit d’expériences exclusives » telles que les croisières de luxe (en hausse de 12%), les jets privés et les yachts (en hausse de 11%) et l’hôtellerie de luxe (en hausse de 5 %). Dans le tourisme comme ailleurs, on préfère prêter aux riches.
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