
Difficile, lorsque l’on est à la tête de l’un des plus gros voyagistes de France, pour ne pas dire d’Europe, de ne pas soutenir les voyages aériens, source, selon certains experts, d’émissions carboniques et, par conséquent, acteur majeur du réchauffement climatique. Pourtant, depuis des lustres, Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde, écologiste chevronné, est convaincu que « le chaos du réchauffement climatique n’est pas une fatalité ». Il vient de publier*, co-signé par Matthieu Belloir, un ouvrage aussi singulier (que notre éditeur à nous !), mais qui est loin d’être insignifiant. D’abord parce qu’il se lit très bien, fluide comme le soulignent les grands auteurs, et surtout parce que ce grand et doux rêveur de Rial présente des solutions… loin d’être idiotes. En clair, afin de veiller sur notre planète, il nous faut fabriquer du temps. Beaucoup de temps. Au moins dix ans, le temps de mettre en place de nouvelles techniques et de nouveaux produits peu carbonés. En attendant, il faut compenser, et quoi de mieux que de planter des arbres ? Beaucoup d’arbres. Des milliards d’arbres. C’est possible, expliquent les auteurs, il y a de la place. Ce n’est pas cher : environ 540 milliards de dollars, ce qui n’est qu’une misérable obole. Selon Rial, 0,25 % du PIB mondial. Même nous, tout seuls, avec notre petit budget qu’on n’a pas encore, on pourrait boiser tous seuls. D’autant que Donald, Kim et autres joyeux drilles s’en tapent férocement !
Le problème, c’est que la planète compte quelques centaines de pays et qu’il paraît très utopique de les réunir dans une sorte de Fédération universelle. J’ai eu beau lire le livre, je ne trouve pas le remède pour cette problématique…
Ainsi, non seulement la planète reprendrait des couleurs, mais le tourisme n’aurait pas honte de faire voyager les humains. Mais, si je peux me permettre, j’ai une suggestion pour mon pote Rial, lequel a au moins le courage de rester fidèle à ses convictions : il faut monter une véritable association contre la bêtise profonde.
À preuve, je viens de lire chez nos confrères de TourMag que le remarquable Jean Pinard, célèbre au sein de la galaxie du tourisme français, déclarait, péremptoire, et je cite : « Disons-le une fois pour toutes : le tourisme ne sera pas durable ! »
Cet homme est un grand visionnaire… Et lui, sa pensée est profonde.
OD
* Le chaos climatique n’est pas une fatalité, Éditions L’Archipel, 17,90 €. L’intégralité des droits est versée à l’association « A Tree for You »