Selon les chiffres de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), les routes entre la métropole et l’outre-mer ont retrouvé quasiment leur trafic de 2019 sur les huit premiers mois de l’année. Pour les compagnies aériennes, la situation reste complexe. Il y a tout d’abord la forte augmentation de capacité d’Air France, jugée « décorrélée de l’évolution naturelle du trafic » par Corsair et Air Caraïbes, qui tire mécaniquement les prix à la baisse. De l’autre côté, les compagnies se sont retrouvées confrontées à l’explosion de leur facture carburant avec un poste de coût doublé en un an. Marc Rochet, patron d’Air Caraïbes, souligne : « Pour être clair, nous avons fait des augmentations tarifaires de l’ordre de 14 %, là où nous aurions dû mettre 30 %. Et même au moment où vous passez une grosse augmentation, il y a déjà la moitié des passagers qui ont acheté leurs billets. » Il ne fait pas un métier facile.
Auteur/autrice : Laurent Guéna
➔ Des vols toutes les dix minutes pour assister à des matches de foot au Qatar
Le Qatar ne pourra pas accueillir tous les supporters sur son sol. C’est pourquoi, chaque jour, 160 vols par jour depuis les pays voisins sont prévus lors de la coupe du monde, soit des vols toutes les dix minutes. Ils offriront la possibilité aux spectateurs des matchs de faire l’aller-retour dans la journée. A titre d’exemple, la compagnie Flydubai proposera pas moins de 30 trajets quotidiens entre Doha et Dubaï. Le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, est en colère : « La neutralité carbone mise en avant par les organisateurs n’est pas une réponse à l’urgence climatique et doit être considérée comme du greenwashing. » Les émissions de gaz carbonique pendant l’évènement sont estimées à 3,6 millions de tonnes de CO2. Quant à nous, on regardera les matches d’ici, en cols roulés.
➔ La décarbonation du transport aérien peut-elle se concevoir sans décroissance ?
Après 21 mois de recherche et d’échanges parfois « un peu vifs mais constructifs » avec les différentes parties prenantes, l’Ademe a établi trois scénarios pour expliquer quelles sont les possibilités qui s’offrent au transport aérien pour réduires son impact carbone. Le « scénario A » met en œuvre au maximum le renouvellement des flottes, l’utilisation des carburants aériens durables (SAF), l’apport de l’hydrogène… Ce qui devrait permettre de diviser par trois les émissions de CO2 entre 2019 (28 millions de tonnes) et 2050 (9 millions de tonnes). A l’inverse, le « scénario B » est vanté pour son effet à court terme. Il se base sur la mise en place de mesures de restriction de trafic avant que les solutions technologiques prennent le relai. Le « scénario C » mise sur les deux leviers. Celui-ci fait davantage état d’une modération de la croissance du transport aérien par rapport à 2019 plutôt qu’une réduction de celle-ci. La baisse des émissions est moindre que dans le scénario B, à court comme à long terme. Si le prix des billets devait sensiblement augmenter, et c’est parti pour, le scénario B – les mesures immédiates de restriction de trafic – aboutirait à un net recul du transport aérien : il plongerait jusqu’à -23 % en 2040 et, en 2050, il serait toujours inférieur de 15 % par rapport au niveau de 2019. On sait maintenant pourquoi les échanges ont été « un peu vifs« .