En Ukraine, War Tours, qui organise des voyages pour les touristes, affirme avoir pris en charge depuis janvier une trentaine de clients, essentiellement européens et américains. Les visites se concentrent généralement sur Kiev et ses banlieues, comme Irpine ou Boutcha, sites de massacres de civils attribués à la Russie au printemps 2022. Certaines agences se rapprochent cependant du front. L’une des plus sensationnalistes offre un circuit de plusieurs jours dans le sud de l’Ukraine, pour un tarif de 3.300 euros. Un habitant d’Irpine ne comprend pas bien cette quête de frissons mais ne s’en offusque pas : « Récemment, un drone explosif Shahed est tombé à 300 mètres de ma maison. Donc je n’ai aucune envie de vivre ce genre d’expérience. Mais si quelqu’un veut cela dans sa vie, c’est son droit. » Une élue locale d’Irpine et ancienne adjointe au maire de Boutcha note que les réactions négatives sont minoritaires, car pour beaucoup, tout cela fait simplement « partie de la nouvelle réalité » de l’Ukraine. Mariana Oleskiv, présidente de l’Agence nationale pour le développement du tourisme, reconnaît que ce type de voyages pose « beaucoup de questions éthiques », mais considère que la demande est vouée à augmenter. « La guerre a braqué les projecteurs sur l’Ukraine », relève-t-elle. « Notre marque est donc plus forte, tout le monde connaît notre pays. » On a en effet rarement vu une campagne de publicité aussi efficace.
LG