
Il y a des nouvelles qui vous serrent le cœur comme une porte que l’on referme trop vite. Hier, nous avons appris la disparition d’Alain Dapon-Pigatto (à droite sur la photo à côté de Jean-Paul Chantraine). Un grand de la maison Asia, un visage, une voix, une présence qui a accompagné nos saisons, nos salons, nos cafés trop serrés et nos projets parfois un peu fous. Alain avait 76 ans. Il s’est éteint après une longue lutte, entouré des siens, de Marie-Eve — son alliée, sa moitié, connue de tous dans ce petit monde du voyage qui, ce matin, parle plus bas. Alain, c’était d’abord une embarcation joyeuse : il monte à bord de la jonque Asia en 1985, l’année où l’on lançait nos premières brochures à Deauville. Jean-Paul Chantraine à la barre, et lui, déjà, l’œil qui frise. Il dirige les réservations à Nice jusqu’en 1997, puis passe aux ventes avec Pierre Martinez, avant de piloter la direction commerciale jusqu’à sa retraite en 2007. Une trajectoire nette comme un cap bien tenu, sans tape-à-l’œil, mais avec cette élégance tranquille des marins qui connaissent la mer. Homme de convictions — sans la lourdeur des donneurs de leçons —, chaleureux, rassembleur, Alain savait parler aux équipes, aux partenaires, aux agents de voyages. Sa bienveillance n’était pas un mot-valise : c’était un ton, une écoute, une ironie tendre, jamais blessante. De son village chéri de Poggio-Mezzana, en Corse, il gardait l’oreille collée à notre métier, qu’il suivait avec son regard aiguisé, quelques taquineries bien senties et cette gouaille qui mettait tout le monde d’accord. Voyageur passionné, il caressait encore un rêve — emmener enfants et petits-enfants en Indonésie cet été. Une ultime pirouette face à l’adversité, comme un clin d’œil à la vie qu’il a tant aimée. Chez Asia, on gardera d’Alain le souvenir d’un homme charismatique et profondément humain, dont les mots tombaient toujours juste : légers quand il le fallait, profonds quand il le fallait, réconfortants, complices, simplement vrais. Son départ nous laisse orphelins d’une certaine façon de faire ce métier : sérieuse sans se prendre au sérieux, professionnelle sans perdre le goût du partage. À Marie-Eve, à sa famille, à ses proches, nous adressons notre affection respectueuse. Ceux qui souhaitent leur témoigner un mot peuvent écrire à son épouse : mevethnic@hotmail.fr.
OD