Pour cette pensée de fin d’année – de moins en moins profonde et de plus en plus lucide – j’imaginais quelque chose de léger, presque guilleret. Raté. Hier, mon vieux copain de lycée, Lévy, a été terrassé par une cochonnerie. Oui, le mot est discutable, mais il aimait. Et parfois, les mots simples sont les seuls qui restent quand tout vacille. Et puis, à l’autre bout du monde, en Australie – ce pays où l’on pense ne risquer qu’un requin mal luné ou un kangourou distrait – un massacre s’est produit sur une plage de Sydney. Une plage tranquille, presque une carte postale. Une partie de la communauté juive s’apprêtait à allumer la première bougie de Hanoucca. Une fête de lumière, de joie, de transmission. Une fête qui, par bien des aspects, ressemble à Noël. Ils ont rencontré la haine. L’antisémitisme, encore. Brut, bête, ignorant. Celui qui traverse les époques sans jamais apprendre. Pour le tourisme, ce n’est pas terrible. Pour notre époque, c’est surtout révélateur. Nous voyageons plus que jamais, nous parlons de tolérance à longueur de discours, et nous continuons de tuer des gens pour ce qu’ils sont ou ce qu’ils croient. Et malgré tout, les bougies continuent de s’allumer. Une après l’autre. Fragiles, mais obstinées. Comme une réponse silencieuse à la bêtise. Alors le mécréant que je suis persiste à vous souhaiter, quelle que soit votre croyance, un peu de paix, un peu de bonheur, et beaucoup d’amour. Parce que l’avenir ne se construira pas avec la haine, mais avec ceux qui, malgré tout, continuent d’allumer des lumières.
OD
