L’automne ramène inévitablement dans nos jardins et nos rues cette drôle de machine : la souffleuse de feuilles. Il y a autant d’opposants à ces engins que de fervents supporters. Les premiers objectent qu’ils soulèvent des poussières fines et des bactéries, que les appareils à moteur à combustion produisent des polluants atmosphériques rejetés sans être filtrés et, surtout, qu’ils sont trop bruyants. Ils sont aussi particulièrement dangereux pour les animaux : à cause de leur vitesse d’air élevée, ils expulsent du sol les petites créatures qui servent de nourriture à d’autres espèces. Sensibles à ces arguments, les Zurichois ont interdit par referendum les souffleuses de feuilles : désormais, les moteurs à essence sont totalement proscrits, et les modèles électriques ne peuvent être utilisés que d’octobre à décembre. À ma grande honte, j’avoue que j’aime les souffleuses de feuilles. J’ai un grand jardin, donc en avoir une s’impose. C’est aussi une activité de jardinage assez ludique : les feuilles tourbillonnent ou virevoltent à n’en plus finir. Enfin, grâce à ma souffleuse, mon besoin d’ordre apaisant est comblé. J’ai conscience qu’en disant cela, je vais encore me prendre un râteau.
NB