
La honte de prendre l’avion (flygskam) aurait désormais une cousine : celle d’avoir honte de venir d’un pays dont la réputation internationale est devenue fort peu élogieuse (flagskam) ? On pense évidemment aux détenteurs d’un passeport américain. En effet, depuis les coups de menton diplomatiques de Donald Trump, certains voyageurs venus des États-Unis s’interrogent : « Vont-ils nous détester ? » Par peur d’être mal perçus à l’étranger, des touristes optent pour des stratégies inattendues. Comme ce touriste qui a préparé son voyage à Mexico avec deux amis et qui a décidé que durant le périple, ils ne parleraient que le français. « Ce n’est pas que je pense que ce serait dangereux, mais je préfère qu’on ne nous identifie pas tout de suite comme Américains« , confie-t-il. Les forums de voyage regorgent de récits similaires : paiement en monnaie locale pour passer inaperçu, badges « Je n’ai pas voté pour lui », voire deuxième passeport européen pour brouiller les pistes. Cette flagskam n’a pas encore conduit à une vague d’annulations, mais elle flotte dans l’air, un peu comme un parfum d’excuse anticipée. Heureusement, la plupart des voyageurs découvrent que les locaux savent faire la différence entre un touriste sympa et une politique étrangère douteuse. Et puis, les clichés ont la vie dure : aux yeux de bien des gens, un touriste américain, c’est avant tout quelqu’un de souriant, curieux, parfois un peu bruyant, et surtout qui laisse de bons pourboires. Ce qui aide toujours pour se faire bien accepter.
NB